Expulsions des lieux de vie sans solution, y compris pour les femmes et les mineurs, entraves à l’encontre des bénévoles… L’association Human Rights Observers dénonce, dans un rapport annuel publié ce mercredi 23octobre, d’importantes violations des droits humains dans le Calaisis et dans le Dunkerquois.
Société
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Publié le 23 octobre 2024
Publié le 23 octobre 2024
Alors que trois personnes exilées sont mortes dans la Manche, ce mercredi 23octobre, les violations des droits humains à l’encontre de ces migrants à la frontière franco-britannique dans le Calaisis et dans le Dunkerquois sont dénoncés par l’association Human Rights Observers (HRO), dans un rapport annuel publié ce même jour.
Le rapport de 74 pages se base sur des données ainsi que sur de nombreux exemples et témoignages récoltés par leurs équipes sur le terrain durant l’année 2023, entre fin février et début avril. Pour Laure Saboureux, responsable juridique de HRO, ce document «révèle un harcèlement systématique de l’État et des forces de police».
Évacués de force des campements sans solution de relogement
662 expulsions de lieux de vie ont été répertoriées dans le Calaisis. Au total, 14729 personnes y ont été expulsées, et 4098 personnes dans le Dunkerquois. Il s’agit d’évacuations accompagnées de destruction des biens servant à protéger les personnes exilées, dénoncent les rédacteurs du rapport. Et ce, peu importe les conditions météorologiques.
Alors que les tempêtes, crues, inondations et températures basses se succédaient, Human Rights Observers a recensé au moins 90 expulsions en novembre et 87 en décembre, «soit le plus grand nombre d’expulsions relevées mensuellement pour l’année 2023», rapporte le document.
Lors de la tempête Frederico, alors que le Pas-de-Calais était en vigilance orange crue et vent violent, le matériel qui aurait «pu leur servir à se protéger un minimum des vents et pluies annoncés» était aux mains des autorités françaises. «Aucune solution n’a été proposée pour mettre à l’abri les personnes exilées à la rue, et les responsables politiques n’ont montré aucune considération pour leur situation», dénoncent également les rédacteurs du rapport.
Contraints de monter dans des bus sans en connaître la destination
Lors d’une expulsion de grande ampleur, le 30novembre, 4 lieux de vie habités par au moins 300 personnes dans le Calaisis et 2 lieux de vie où vivaient plus de 800 personnes dans le Dunkerquois ont été évacués à 5h30 du matin. Les exilés qui y vivaient ont alors été «forcés de quitter leurs abris», «encerclés par les policiers et gendarmes», «violentés», «pourchassés», rapportent les rédacteurs. «Ils se comportent avec nous comme si nous étions des animaux», s’indigne l’un des migrants concernés.
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L’association déplore que «plusieurs centaines de personnes exilées alors été forcées de monter dans des bus censés les amener dans des centres d’hébergement loin du littoral, sans en connaître la destination et sans évaluation des situations individuelles».
«Si vous bougez pas de là ça va mal se passer»
Les bénévoles reçoivent régulièrement des menaces en cas de non-respect du périmètre établi par les autorités lors d’expulsions et d’évacuations, déplore l’association de droits humains qui témoigne notamment d’une menace adressée à ses membres par un agent armé: «Si vous bougez pas de là ça va mal se passer».
Plusieurs observatrices et observateurs auraient été «attrapés par l’épaule, poussés, et même gazés» alors qu’ils étaient en train de mener leurs activités de documentation. Au moins 592 fois, l’équipe de l’association a été bloquée par la mise en place de périmètres. Et les volontaires se seraient faits, 116 fois, escorter hors des lieux de vie.
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À cela s’ajoutent «des contrôles d’identité, parfois avant même le début de l’opération, accompagnés de contrôle abusif de véhicule ou de palpations» à l’encontre des membres de l’ONG, affirment les rédacteurs. Les bénévoles déplorent également avoir comptabilisé 35 contrôles d’identité. Ils auraient été filmés 97 fois par la police et, le plus souvent, «aucune notification préalable, pourtant obligatoire» n’a été faite.
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